Reprise de l’ immobilier au maroc en 2018
D’après la Fédération nationale des promoteurs immobiliers, la tendance actuelle du marché de l’immobilier laisse présager une bonne année 2018 en l’attente du plan de relance de la tutelle. L’année 2016 a été difficile pour le secteur puisqu’elle enregistre une baisse impressionnante de la production depuis 2011 (-51%) ainsi qu’une baisse des mises en chantier confirmée par une baisse des ventes de ciment d’après Taoufik Kamil, président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI).
Les chiffres définitifs pour 2017 seront communiqués à la rentrée, cela dit quelques indicateurs de reprise sont déjà visibles à l’image du redressement de l’octroi des crédits aux promoteurs immobiliers qui, grâce au lancement des banques participatives, devrait nettement s’améliorer.
Taoufik Kamil se veut rassurant car il souligne que “l’addition des crédits aux promoteurs et aux acquéreurs, le secteur représente quand même 30% du total des crédits octroyés par les banques” et ajoute que “la hausse des investissements directs étrangers dans l’immobilier devrait soutenir le secteur”.
L’accélération des programmes des villes nouvelles comme Chrafate et Lakhyayta, le lancement du chantier de la ville sino-marocaine “Mohammed VI Tanger Tech”, et d’autres mesures tel que le programme étatique “Villes sans bidonvilles” et la promotion de l’habitat abordable (Tétouan, Ksar El-Kébir, Settat, Lebrouj et Moulay Yaâcoub) viennent appuyer la bonne perspective 2018.
L’année 2018 sera décisive pour la croissance du marché immobilier marocain qui devrait retrouver sa stabilité mise à mal depuis quelques années par la présence de différents facteurs. Selon Yassine Mfadel, directeur général du groupe Mfadel, “l’immobilier au Maroc est en pleine mutation, il se professionnalise et se structure de jour en jour. De ce fait, une sélection naturelle va se produire avec un nivellement par le haut.
Les opérateurs peu structurés sont amenés à disparaître et les groupes mieux organisés sont amenés à se consolider. La transparence, la gestion des délais, la qualité de construction ainsi que les questions liées à la problématique environnementale en seront les axes majeurs.”
Les promoteurs demandent des mesures efficaces de relance et de stimulation de l’Etat pour 2018 telles que les organismes de placement collectif immobilier (OPCI) ou le programme de soutien au moyen standing. Ils craignent que sans ces mesures, le nombre d’unités produites et la contribution du secteur immobilier au PIB chutent. D’après le PLF 2018(Source), la valeur des dépenses fiscales pour le secteur immobilier s’élèvent à seulement 3 à 4%.
Cela dit, les estimations des promoteurs pour 2018 restent néanmoins positives au vu du fort besoin en habitation en constante augmentation et d’une offre qui reste insuffisante comme le confirme Sofia El Ouardi, Marketing and Communication Manager de Bab Darna, “Il faut dire qu’il y a encore, malgré tous les efforts des professionnels de l’immobilier, une grande demande encore non satisfaite ! Et cette demande se caractérise par des clients exigeants en termes de délais et de qualité. L’acheteur marocain a dépassé la notion du logement-dortoir. Il est à la recherche d’un espace de vie personnalisé garantissant le bonheur à toute la famille.”
A noter que d’après le rapport sur les dépenses fiscales liées au projet de Budget 2018 (Source), le secteur immobilier arrive en tête sur les dérogations fiscales. Pour l’exercice 2017, 25,4% des dépenses fiscales vont à l’immobilier soit 8,486 milliards de dirhams représentant une hausse de 10,8% par rapport au 7,65 milliards de 2016.
Des prix en hausse
Pour le moment, les chiffres du troisième trimestre 2017 annoncent une hausse de 4,7% des prix des actifs immobiliers. Selon la revue trimestrielle de Bank Al-Maghrib (Source) sur l’indice des prix des actifs immobiliers, ceux des biens fonciers augmentent de 5,9%, pareil pour les biens à usage commercial qui progressent de 5,1%. Concernant les prix du résidentiel, la hausse est de 4% avec en tête les appartements (+5,2%), puis les villas (+0,3%) et les maisons (+0,2%).
Toujours d’après la même source, d’un côté il y a la hausse généralisée des prix des actifs, et de l’autre, une baisse des transactions à hauteur de 18,7% qui concerne d’abord celles du résidentiel qui chutent de 22,1%. Pour le foncier et les biens à usage commercial, la baisse est de respectivement 7,4% et 8,1%.
A Casablanca, l’indice des prix des actifs immobiliers enregistre une très légère hausse de 0,1% comprenant la progression annuelle de 0,3% des prix des appartements, ainsi que le recul considérable de 2,5% des terrains. Imane Kabbaj, directrice générale de CBRE Maroc ajoute que “l’année 2017 a été marquée par une baisse des transactions, sachant que nous sommes beaucoup plus positionnés dans l’immobilier haut de gamme.” Elle précise que “concernant l’immobilier professionnel, l’immobilier industriel se porte très bien, notamment dans les zones offshore où il y a une véritable croissance soutenue par la volonté gouvernementale.
Pour ce qui est de l’immobilier de bureau, toujours à Casablanca, il y a eu également un grand développement entre 2010 et 2013-2014, mais cela s’est beaucoup ralenti ces dernières années et il y a eu beaucoup moins de mise en chantier et aussi une certaine stagnation de la demande, qui n’est que le reflet d’un contexte économique marqué par l’incertitude et la tension.»
Pour Rabat, l’accroissement des prix est nettement plus évident. Toutes catégories confondues, les prix des actifs immobiliers ont augmenté de 3,6% avec 3,3% pour les appartements et 0,4% pour les terrains.
Après une baisse de 1,1% au deuxième trimestre, à Tanger, on observe une remontée des prix généralisée de 0,2%. Malgrés la baisse considérable de 17,1% pour les locaux commerciaux ainsi que celle de 0,2% pour les terrains, la valeur des appartements progresse de 1,4%.